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Oui, moi aussi j'ai des choses à dire !

SPEED RACER des frères Wachowski

On ne peut pas parler de Speed Racer sans tout d’abord aborder le phénomène (car c’en est un) Wachowski ! Authentiques Geeks pétris d’influences aussi diverses que les comic books, les manga, les jeux vidéo, l’animation japonaise, ou même la philosophie la plus austère, ces deux frères incarnent une forme de métissage de genre souvent difficile à appréhender pour le grand public. Tout juste associent-on leur nom à ce succès cinématographique polémique que fut la trilogie Matrix.  

Après un premier opus qui quoiqu’on en pense a redéfini pour les années à venir la science fiction, et même plus largement le cinéma d’action contemporain, les deux frérots ont été propulsés au Panthéon des réalisateurs de S-F par la communauté Geek. Libres de désormais faire ce qu’ils voulaient, soutenus en cela par Joel Silver le mogul du cinéma d’action des années 80 et par une cohorte de fans apparemment prêt à les suivre n’importe où, les Wachowski ont naïvement, ou orgueilleusement  cru pouvoir poser la deuxième pierre de l’édifice de leur rêve, la constitution d’un tout nouveau genre : le film d’action fantastique intello !

Mais voilà…Même si sur le papier, balancer du Baudrillard, dans un délire visuel jamais vu jusqu’alors où le kung fu croise la baston homérique type Marvel comics, le tout teinté d’hindouisme pour les nuls, ça semble être une bonne idée…Quoique… Sur l’écran, cela donna ce dyptique ambigu qui aujourd’hui encore suscite des contreverses : Matrix Reloaded et Révolution !

Objet de culte pour certains, objet de haine pour d’autres, ces films ont crées une scission parmi les amateurs du genre.

Certains voient les Wachowski comme des usurpateurs, des pilleurs d’idée aux idées pompeuses et à l’ego démesuré.

D’autres les voient comme des artistes visionnaires que seule la postérité saura reconnaître en tant que tels.

Où me situe je me demanderez vous ?

Et bien histoire de ne pas trop me mouiller, je dirais qu’il y a un peu des deux…Non sincèrement, j’insiste ! Je sais que ça a l’air d’être une réponse de François Bayrou, mais c’est mon sentiment. Je pense que les Wachowcki sont des cinéastes de génie, des assembleurs d’image avec une grammaire cinématographique hallucinante de maîtrise, il suffit pour se le prouver de revoir la séquence de l’autoroute dans Reloaded ou l’attaque de Zion dans Révolution, qui sont des exemples de lisibilité… Imaginez ce que Michael Bay aurait fait de telles séquences ! Qui a dit Transformers…Tu sors !

Leur connaissance de l’art séquentiel leur a conféré une clarté de mise en scène que peu, si ce n’est aucun autre réalisateur n’égale…Oui même Spielberg…J’assume.

Là où je modérerai mon enthousiasme à leur égard, c’est dans leur volonté affichée de faire genre « qu’est ce qu’on est futé ! » Aborder 2,3 concepts type Bac de philo dans des échanges un peu vaseux et pas forcément bien joué, n’assure pas une entrée automatique au Panthéon de l’intelligence.

Á ce niveau, l’exégèse faîte par les fans de la trilogie Matrix est souvent bien plus pertinente que ce qu’ils nous ont donné à voir ou à entendre dans leurs films. (Spéciale dédicace à Gaby)

Ils sont à mes yeux de bien meilleurs professeurs de philosophie cinétique, genre Pan dans ta gueule, que de philosophie tout court, genre : Pan dans ta tête !

Donc quand j’ai su qu’ils voulaient avec Speed Racer réaliser un divertissement familial, ça a aiguisé ma curiosité.

Le film a très vite été précédé d’une réputation calamiteuse, flop au Box office US, cette adaptation d’un dessin animé japonais des années 70 a vraisemblablement dérouté le public ricain ! Qu’en serait il pour nous, pays de l’exception culturelle ?

Et bien, après l’avoir vu, à mon avis pareil, le film va se planter…Sauf que je tiens à le dire, ce film est grandiose !

Je dois dire qu’après les premières bandes annonces, j’étais craintif. Images psychédéliques, montage elliptique, jeu caricatural, j’avais réellement peur d’être en face d’un trip sous acide qui laisserait froid le non consommateur de psychotropes que je suis ! Et pourtant, au milieu de ce délire visuel qui tuera assurément le premier épileptique qui osera aller le voir, se cache un vrai film profondément humain et touchant. On s’attache extrêmement à la famille composée par Susan Sarandon, John Goodman, et Emile Hirsch. Leurs rapports, même dans les conflits, sont empreints d’un amour qui fait plaisir à voir et qui légitime tout le reste. C’est une petite et belle histoire de famille au milieu d’un grand spectacle de ouf !  Matthew Fox, le Jack de Lost, transpire le charisme en Racer X, pilote mystérieux et tellement manga. Son jeu, sa voix, sa prestance l’impose d’emblée comme un acteur que l’on voudrait revoir à la tête d’un film de super héros. Christina Ricci en Trixie, la petite amie du héros, est une ode à la femme ! Mutine, intelligente, sexy, elle bouffe l’écran à chacune de ses apparitions ! Emile Hirsch (excellent parait il dans Into the wild de Sean Penn ; je l’ai pas vu !) est plus transparent, plus générique si je puis dire, dés qu’il est hors du cockpit de sa fameuse voiture : la mach 5 ! Mais sitôt au volant, par le truchement d’effets numériques hallucinants, on découvre un maître des arts martiaux à quatre roues, un héros que l’on se surprend à encourager de son fauteuil. Les courses sont toutes traitées différemment dans des environnements surréalistes et bigarrés, à une vitesse et dans un style plus proche de Sonic le hérisson de chez que des 24 heures du Mans. Toute la réalisation des Wachowski est mue par ce même sentiment de vitesse, les flashbacks s’inscrivent organiquement au beau milieu des courses, sans casser le rythme de ces dernières. C’est une réelle gageure en terme de montage ! Speed Racer est l’anti-Matrix en terme de développement de personnage, foin de palabres oiseuses ici, un plan d’une larme sur la joue de Susan Sarandon et on a comprit l’étendue de la tristesse d’une mère. D’une radicalité visuelle qui n’est pas sans rappeler 300, Sin City ou même Spy Kids 3D, Speed Racer explose le cadre de l’adaptation basique pour créer un vrai moment de récréation qui fera vibrer le petit garçon qui sommeille en chacun de nous ! J’ai trouvé ça drôle, enlevé, brillamment réalisé mais en même temps tellement confidentiel et référentiel, que je doute très sérieusement que ce film trouve son public. Une fois de plus les Wachowski se  sont fait plaisir, mais cette fois ci, ils ont mieux maîtrisé la cinégénie  de leur cinéma ; Malheureusement, vu le sujet et le différent que constitue la trilogie Matrix aux yeux des fans et qui sont indispensables à la réussite de leur succès, (le grand public ne les kiffe pas ou ne les comprend pas, ça c’est une certitude !) je crains d’avoir assisté à la dernière œuvre de Wachowski décomplexé.


Voilà, je ne vous dis pas à la semaine prochaine car je suis en voyage, cependant je vous promets pour ceux qui souffrent ma prose de m’y remettre dés mon retour, le lundi 30 juin. J’espère que vous prenez du plaisir à me lire, moi je vous le dis, j’ai fini par avoir beaucoup de plaisir à écrire. N'hésitez  pas à vous exprimer, ça fait toujours plaisir!

Á bientôt.


Posté par Fred le 20 Jun 2008 04:03 pm

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