J'ai un aveu à
vous faire, j'ai désormais un point commun avec Nicolas
Sarkosy... Déjà j'entends les cris d'indignation de mes
plus proches amis, hurlant à la trahison! A la braderie de mes
idéaux! A ma soumission au grand capital dirigé par le
petit capitaine! Mais oui! Je persiste et je signe, j'ai un point
commun avec lui: Ma femme m'a quitté!
Oh bien sûr, la
mienne, elle va revenir (Je la laisse aller au supermarché
quand elle veut moi; ça avait l'air d'être important le
supermarché pour Cécilia!)... Ma femme va revenir
dans une petite semaine, mais en attendant la séparation n'en
n'est pas moins douloureuse. Sa petite frimousse qui égaie ma
vie, son recul sur les sujets de fond qui tempère mon
impétuosité naturelle, son merveilleux sourire à
lui seul responsable du réchauffement climatique tant il est
chaleureux, tout cela va bien me manquer...
Aussi est ce contraint et
forcé que je vais, l'espace de quelques jours, redevenir ce
primitif spécimen de mâle égoïste, aux
antipodes du métrosexuel tendance, qui mange tout ce qu'il
trouve sans réfléchir à l'impact que cela peut
avoir sur l'environnement, n'ouvre plus les volets car le temps qu'il
fait, au fond, il s'en fout! S'éclate la rétine à
jouer à la console faisant la nique à tous les
avertissements sur l'épilepsie! Ne se rase plus, ne se lave
plus, car tout cela... Pour qui? Pour quoi? En gros une petite
semaine de regression où je vais prendre un malin plaisir à
dévaler quatre à quatre, les barreaux de la chaîne
de l'évolution. Tout cela, bien entendu mû par ma seule
tristesse...
C'est donc le coeur
contri que j'ai accompagné ma douce à la gare de
l'Est... (Vous remarquerez qu'à Paris, seules les régions
Nord et Est, anciens vestiges de la sidérurgie et fer de lance
du chômage qui progresse, n'ont pas l'honneur d'avoir un nom de
gare personnalisé! Gare de Lyon ça oui, Gare
d'Austerlitz oui, Montparnasse pourquoi pas? Mais l'Est et le Nord,
que nenni! De toutes façons, ces régions, on n'en
vient, on y va pas!) Bref nous
étions donc venu accueillir ma belle maman qui s'est
joint à ma mie dans cette escapade, virgule de vie de couple.
Histoire de profiter de
la convivialité du moment, nous décidâmes
collégialement de boire un breuvage infâme et hors de
prix dans une de ces gargottes mal achalandées qui polluent
Paris. Quand soudain... (Une fois de plus je démontre mes
talents de narrateur, maître du suspens s'il en est!)
Envie de pisser!
Terrible envie de pisser!
De celle qui vous fait,
tout à la fois, danser d'une jambe sur l'autre, tenir non
élégamment votre entre jambe en mordillant votre lèvre
inférieure, tout en tortillant du fondement, l'air sûbitement
très (con)centré...
Je ne suis pas du genre à
me faire souffrir, même si pourtant, je persiste à aller
voir les films de Michael Bay; aussi décidai je
d'immédiatement soulager cette envie dans la pissotière
la plus proche. Seulement voilà, la gare de l'Est, en plus de
faire l'économie d'un nom, fait l'économie des
toilettes publiques! L'image des gens de l'Est est décidément
à revoir... A la recherche du WC perdu, je fus orienté
par un badaud compréhensif vers l'étage inférieur,
et enfin je les vis! Ces deux pictogrammes salvateurs, icones
éternellement immobiles d'Adam et Eve, sottement posés
sur deux portes d'un blanc cassé, le tout dans un symbolisme
grégaire:
Il doit pisser là!
Elle doit pisser là-bas!
Alors que je pénétrai
le saint des saints bien décidé à soulager cette
vessie de plus en plus présente dans mon esprit, une voix
teintée d'un légère accent me rappelant ma tante
du côté de mon père (Bref une antillaise!),
m'interpella: « Hep! C'est 50 centimes! »
Quoi?! Me dis je.
Qu'as t'elle dit?
Il faut dire que dans ces
moments là, l'acuité de mes sens s'amenuise
proportionnellement à mon envie d'uriner.
Percevant mon désarroi,
et sûrement rodée à l'incrédulité
qui marque le regard des hommes dans de telles situations, elle se
mit à me répéter: « 50 centimes! »
Et là j'ai envie
de dire: est il concevable qu'à notre époque, en 2007,
il soit désormais nécéssaire de payer 50
centimes d'euro pour avoir le droit de pisser!
50 centimes d'euro soit 3
francs et 28 centimes!
C'est désormais le
prix du civisme, le prix de la propreté, car en effet, on
court l'air bête à la recherche de toilettes dans un
souci de bien vivre citoyen! C'est la cité de Platon! C'est
une grande victoire sur notre pulsion animale fondementale qui
voudrait que l'on se vide sur le premier arbre ou mur venu! Et voici,
comment dans ce pays, on récompense le civisme! 50 centimes
pour un acte qui à la base, n'est même pas un retrait,
mais un dépôt!
Envoyer une lettre à
quelqu'un coûte à présent à peu près
le même prix qu'un petit pipi!
Il y a définitivement
un problème d'échelle de valeur dans ce pays! On parle
de la baisse du pouvoir d'achat, de la hausse du baril de pétrole,
mais ça étonnemment, omerta médiatique, on n'en
parle pas!
Le lobby des dames pipi
auraient il phagocyté l'Elysée?
La conspiration est elle
de mise?
Qu'est ce que l'on nous
cache?
Toutes ces questions,
lecteurs admirables et géniaux, posez les vous la prochaine
fois que vous serez saisi d'une envie pressante. Qui profite de votre
incontinence?
Car si pisser coûte
aujourd'hui 50 centimes, et si l'on se dit que l'on va en moyenne aux
toilettes 3 à 4 fois par jour, cela nous revient à 2
euros par jour!
60 euros par mois! (Le
prix d'une carte orange zone 3 ou d'une assurance!)
720 euros par an!
Autant dire qu'avec
autant d'argent jeté dans les toilettes, on pourrait tous et
toutes se payer de belles vacances! Je culpabilise désormais
énormément dés que je contemple ma cuvette
devant cette gabegie financière qui pourrait combler le trou
de la sécu, financer des hopitaux, permettre de créer
des postes dans l'éducation nationale... Bref en cette période
d'austérité économique, le gouvernement nous a
lancé un message très clair et je l'ai entendu:
Pisser coûte cher à
l'Etat!